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 noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.

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Amrod Elróhir
Amrod Elróhir
jeune arriviste en Ulthuan, soyez gentils

un Elfe unique.




△ MESSAGES : 44

△ ICI DEPUIS : 20/08/2011

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MessageSujet: noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.   noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. EmptyDim 21 Aoû - 10:27

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Une goutte de sueur perla contre sa tempe humide, dévalant lentement la chair tendre de son cou avant de finir sa course folle dans l'échancrure de sa tunique sombre, légèrement déchirée au niveau du flanc. Une longue estafilade, heureusement peu profonde, barrait le coté droit de son bassin et un mince filet de sang s'écoulait de la blessure, imprégnant son vêtement déjà souillé par la poussière. L'ignorer n'était pas bien difficile et l'elfe y parvenait avec une facilité déconcertante, tout à sa tâche, occultant tout ce qui ne se rapportait pas à ses activités sordides. Sa chevelure brune semblait malmenée par le vent tandis qu'un frisson parcourait pernicieusement sa colonne vertébrale, son épiderme se dressant sous l'assaut de la brise qui, pourtant, n'égalait d'aucune façon celle de Tor Anroc. Les violentes bourrasques soufflant sur la lande déserte vous mordaient la peau aussi certainement qu'un serpent, déversant son venin mortel dans les veines encore palpitantes des elfes noires, accoutumés à un tel climat. Les frémissements qui secouaient présentement Amrod tenaient probablement davantage de l'exaltation d'une nouvelle chasse que de la fraicheur soudaine qui ne l'atteignait pas en dépit des apparences. Les lèvres pincées, les sourcils froncés, le jeune homme guettait le moindre murmure susceptible de lui révéler la présence d'un autre elfe, un exutoire qui lui permettrait de recouvrer un tant soit peu cette paix qu'il n'osait espérer mais qu'il chérissait néanmoins tout autant que son arc, si ce n'était plus. Ses orbes azurés dévalaient les pentes et les sentiers parfois escarpés, ceux qu'il savait empruntés par les sylvestres souhaitant se rendre à Avelorn sans rencontrer les dangers tantôt dissimulés dans les fourrés. Son cœur se serra à cette idée morose et bientôt, son regard se fit plus distant, perdu dans le vague, son esprit déjà bien loin de sa traque.

C'était injuste, tout bonnement. Un traitement semblable n'avait pas de raison d'être, surtout lorsqu'il mettait en péril l'existence de toute une nation, aussi méprisée et incomprise soit-elle. La noirceur embrumée de l'astre solaire ne brillait que peu à Nagarythe, rebaptisée le Pays des Ombres, et ses habitants devaient vivre en compagnie des ogres des cavernes et des autres créatures toutes aussi répugnantes les unes que les autres alors que les hauts elfes paradaient nonchalamment avec leurs phœnix et leurs dragons. Le sobriquet dont ils avaient affublé sa cité témoignaient de leur cruauté ; ils réalisaient les conditions de vie de leurs pairs mais s'en moquaient. On ne leur demandait pas leur avis, à eux. Les rebuts de la société elfique, relégués au même titre que les Drow, ce nouveau peuple émergeant. La vie suivait son cours, inexorable, pour ceux qui avaient le loisir de jouir des plaisirs d'une rivière et d'arbres feuillus, entourés par les dons généreusement offerts par Mère Nature. Cela le révoltait et Amrod refusait d'attendre bien sagement que le temps ne s'écoule, traversant les âges, emprunt d'un vide qui le laissait pour mort, comme desséché. C'était hors de question mais une échappatoire subsistait néanmoins : la chasse. En tant que guerrier fantôme, capable de se fondre dans l'ombre et de se faufiler dans les plus sombres recoins sans être perçu, le brun possédait un avantage certain sur nombre de ses adversaires et terrassaient ses ennemis – qui n'avaient bien souvent pas le temps de réaliser qu'ils étaient pris pour proie – avec ardeur, répandant son poison et sa rage tout en se délestant de l'hypothétique culpabilité qu'il pourrait éprouver. Ils ne méritaient pas sa peine, mais son dégoût, et il le leur donnait avec satisfaction, bienheureux qu'il était d'apaiser quelques instants les tourments de son cœur mutilé.

Une elfe, physiquement âgée d'une vingtaine d'années, gisait contre un rocher à quelques kilomètres au sud, abattue par les flèches de Amrod. Ses cheveux blonds s'étalaient en une cascade dorée autour de son visage figé pour l'éternité, ses lèvres entrouvertes sur le dernier souffle qu'elle n'avait pu retenir. Celle-ci s'était débattue et avait eu le temps de blesser son adversaire invisible, surprenant pour ainsi dire l'homme qui n'avait pas pour habitude de se faire repérer aussi aisément. La colère avait brillé dans ses yeux verts, mêlée d'incompréhension, mais cela n'avait duré qu'un instant et après avoir assisté au trépas de la défunte, Amrod s'était remis en route, délaissant le corps inerte de la jeune femme. Tuer ou être tué, ou plutôt blesser pour se venger, telles étaient ses pensées lorsque le ruissellement de la rivière, en contrebas, attira son attention. Il y avait quelqu'un. Ses sens en alerte ne le trompaient que rarement. Attrapant son carquois, le brun rejoignit le couvert d'un bosquet, chassant un lapin qui s'y cachait sereinement, inconscient du danger que représentait l'elfe à ses côtés. Il pensait sûrement avoir affaire à un sylvestre et ne se montrait donc pas méfiant. Encochant une flèche, tendant son arc, Amrod dévisagea l'inconnu pendant une poignée de secondes, par pur curiosité. Un homme, probablement un compagnon de la blonde, se dressait à plusieurs dizaines de mètres de distance, près du ruisseau. Il était seul et ne semblait pas sur ses gardes, mais mieux valait faire attention, son aventure précédente le lui avait prouvé. Le nez quelque peu plissé, Amrod décocha sa flèche, un mince sourire dansant sur ses lèvres incurvées. Si seulement il savait...
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Aranwë Nàrmoth
Aranwë Nàrmoth

un Elfe unique.




△ MESSAGES : 409

△ ICI DEPUIS : 12/08/2011

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MessageSujet: Re: noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.   noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. EmptyLun 22 Aoû - 9:24

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L'effet domino est une réaction en chaîne durant laquelle, un évènement mineur peut interrompre un processus et peu avoir des conséquences majeurs sur le déroulement logique d'une période. Dans un cas connu, un chasseur qui traque sa proie fait une erreur et le gibier qui n'est pas mort, ni même blessé, remarque son assassin. A cet instant, l'effet domino peut se produire, faisant du gibier le chasseur et le chasseur, le gibier.

Je me trouvais en Avelorn depuis bientôt une semaine. J'avais décidé de rejoindre Saphery pour voir ma soeur, à dos de cheval, cheval que j'avais emprunté pour une durée indéterminée à un fermier, mais soyez certain que je comptais bien lui rendre, un jour. J'avais besoin de voir Lalwendë pour lui parler d'un évènement que j'avais cru voir. Certes, je n'étais pas du tout certain, mais plus je me posais la question, plus j'avais besoin d'elle. Il y a à peine quelques temps, alors que la lune était sous sa forme de croissant, je me trouvais près des rives de Chrace et là, j'irai jusqu'à jurer sur mon honneur que j'ai vu un navire aux voiles noires au loin, sur l'océan. Ulthuan allait-il bientôt être attaqué par une force ennemie inconnue jusque là ? Est-ce que les autres peuples allaient vouloir nous mettre sous leur joug ? Ces questions résonnaient dans ma tête depuis plusieurs jours et je savais que Lalwendë pouvait y répondre. Ma soeur était beaucoup plus curieuse que moi de nature et elle savait plus de choses que moi de ce fait, concernant l'Eden hors de Ulthuan. Beaucoup d'elfes ne trouvaient guère intéressants de voir les autres races, de les étudier, sauf ma soeur. Trop vaniteux était ce genre de comportement selon moi, mais je devais reconnaître que je m'intéressais plus à mon peuple, mes origines qu'à autre chose. Avais-je moi aussi, ce défaut d'être prétentieux ? Je l'ignorais et je ne préférais pas le savoir. Ma route m'amena à longer un fleuve en avançant aux pas. J'avais besoin de faire une pause, mon cheval aussi. L'animal était blanc comme neige et sa crinière avait été soigneusement nouée par mes soins. Un petit détail, mais je ressentais la joie que le cheval pouvait avoir avec ça. C'était aussi un effet secondaire du fait d'être dragonnier. Je me posais beaucoup de questions ces temps-ci. Que devenait Ashkore ? Est-ce qu'un novice avait voulu de lui comme dragon ? Ce n'était pas impossible, mais Ashkore était lié à moi et de ce fait, devait refuser et tuer le novice. Quel gâchis si c'était le cas. Un pincement au coeur me marqua et je fermais brièvement les yeux pour chasser ce scénario de ma tête, mais trop tard, je voyais déjà le jeune dragonnier, sourire aux lèvres, se faire éjecter d'un coup de queue contre la parois, le choc le démembrant, ses os craquelant sous le contact de la roche volcanique. Une fin particulièrement douloureuse... Trop pour moi. Mon cheval, que j'avais nommé Aeglos ce qui voulait dire, pointe de neige, s'arrêta près du fleuve. Il se cambra et je fronçais les sourcils, me tenant fermement à lui, aux rênes, mais mes affaires tombèrent au sol.

« Oulah... Aeglos, calme-toi. On va se reposer. » dis-je, d'une voix paisible tout en caressant le cou de l'animal pour le calmer.

Et c'est ce qui se produisit. Aeglos émit un hennissement pour me faire comprendre que la crise était passée. J'ignorais ce qui l'avait mit dans cet état, mais ce n'était certainement pas la forêt. Plutôt... Une erreur dans ce paysage. Je descendis avec une facilité déconcertante avant de ramasser mon sac contenant mes vivres, mon journal et quelques armes au cas où. Je n'étais pas beaucoup armé, j'avais le minimum pour voyager, en ces temps douteux. Mon épée de dragonnier à sa lame, rouge comme le sang que je pouvais verser avec et à son manche représentant un dragon solaire. Elle se trouvait à ma ceinture, cachée par ma cape noire. Quelques couteaux de lancers pour avoir une attaque à distance avec dessus, gravé, l'étendard de la maison des Princes de Caledor et un arc avec un carquois rempli. Je fixais l'horizon, cherchant la raison du comportement si agité de Aeglos mais rien. Tout semblait parfait, normal. Mon regard se planta sur un buisson au loin, avec un arbre imposant juste derrière, avant de froncer les sourcils en recevant une goutte de pluie sur mon front. Un orage se préparait-il ? Je scrutais le ciel et en effet, des nuages grisonnants s'approchaient à grands pas. Je devais trouver un abri et je savais que le col de la Licorne regorgeait de petites cavernes pour s'abriter. Je devais juste reprendre un peu d'eau avant de repartir sous peine de terminer tremper. Je pris une gourde dans mon sac pour y mettre de l'eau alors que Aeglos buvait à grandes gorgées. La plupart des elfes qui croisaient ma route me prenaient pour un voyageur, surtout pas un sylvestre, je n'en avais pas l'allure. Aucun elfe des bois n'aurait une barbe, même si la mienne n'était pas énorme, ni des cheveux bouclés, courts. Eux, c'était de longs et soyeux cheveux blonds pour la plupart. Puis, mon style vestimentaire laissait plus croire que je venais d'un pays froid que de cette région. Une épaisse veste avec une peau de lion sur le dos, cadeau d'un ami de Chrace. Des gants noirs, oui, la tenue de Caledor, car cette région montagneuse était victime d'hiver particulièrement difficiles. Je pouvais me souvenir de grandes bourrasques de vent froid tapant contre mes joues qui devenaient rouge au contact.

« Et bien Aeglos, dès que tu as terminé, nous repartons. »

Il ne fallait surtout pas tarder. Je me redressais, fermant ma gourde avant de froncer les sourcils en regardant l'eau. Le reflet de la rivière était mon ami et j'avais appris à me servir de mon paysage comme bouclier. Un son perça le vent, le découpant alors que je laissais tomber ma gourde au sol, pour me tourner vivement. Silence le plus total avant qu'un groupe d'oiseaux ne s'envolent de la cime des arbres dans un croisement désagréable. Et moi, je me tenais là, droit, la main serrait. J'avais arrêté de justesse, une flèche dont sa cible était ma gorge. Je sentais la pointe caresser mon cou. Bien. Il y avait quelque chose, Aeglos avait vu juste et la cible n'était pas lui, mais moi. Je fixais le paysage parfait avant de baisser mon regard sur la flèche, l'analysant avec une précision surprenante.

« Du fer noir de Tiranoc, un minerai très courant, de faible richesse, mais si il est correctement travaillé, il peut devenir la meilleure des armes. Manufacture convenable et des runes elfiques gravaient à la pointe. Un message de mort à la personne que cette flèche frappera. Aucun doute, vous êtes un Elfe de la nuit. Je me demande bien ce qui peut vous amenez hors du pays des ombres. L'envie de meurtre ? J'oubliais que c'est dans votre sang, mais vous venez de tomber sur un gibier plutôt tenace, voyez-vous. Votre flèche est rapide, votre tir précis, mais il n'est pas imparable. L'eau voit tout, comme mes yeux d'elfes entraînés à ne manquer aucun détail. Votre flèche est visible dans le reflet de l'eau, une erreur plutôt grossière venant de vous. » expliquais-je tout en cherchant le tireur du regard.

Je jetais la flèche au sol après l'avoir cassé en deux. Voilà, inutilisable. J'avançais d'un pas, deux tout en détachant la broche qui représentait une tête de dragon de ma cape pour la laisser tomber au sol. Le combat était visiblement inévitable, lui ou moi. Je m'arrêtais soudainement. Le vent soufflait et le bruissement des feuilles m'indiquaient où il se cachait, mon regard croisa le sien, mes yeux virent son oeil alimentait par la soif de mort alors que d'un geste vif et précis, je lançais un de mes couteaux qui alla se planta dans l'arbre juste derrière l'elfe que je venais de débusquer, arrachant au passage plusieurs feuilles, dévoilant ainsi une partie du visage de mon assassin. L'avais-je raté exprès ? Il semblait surprit visiblement. Un petit sourire satisfait apparut sur mes lèvres.

« Je vous ai trouvé. Visiblement, vous avez encore du travail à fournir avant de pouvoir vous mesurez à quelqu'un d'entrainer. Je suppose que vos cibles n'étaient jusque là que des elfes qui ne savent rien ou presque sur les bases du combat et de la dissimulation. Maintenant, laissez-moi vous apprendre quelques petites choses. Si vous étiez quelqu'un avec un peu d'honneur, vous n'attaqueriez pas par derrière, c'est lâche et ça prouve simplement l'opinion que j'ai de vous. Deuxièmement, vous êtes surpris et vous ne vous attendiez pas à tomber sur quelqu'un de votre niveau. Maintenant, sachez que vous êtes ma proie et que je suis votre chasseur. » dis-je avec un calme surprenant, tout en dégainant mon épée.

La lame rouge scintillait de mille feux et je ne lâchais pas du regard l'elfe de la nuit. Je ne le sous estimais pas, attention. Il m'aurait tué si il n'y avait pas eu la rivière, je devais rester sur mes gardes, mais désormais, nous étions à armes égales. Plus de surprise, plus de coup dans le dos. Nous allions nous attaquer face à face et à la fin, il n'en resterait qu'un seul debout.


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Amrod Elróhir
Amrod Elróhir
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△ ICI DEPUIS : 20/08/2011

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MessageSujet: Re: noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.   noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. EmptyLun 22 Aoû - 21:46

noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. Esm88p
Si seulement l'empressement ne s'était pas emparé du jeune homme pourtant patient, enivrant son esprit courroucé par une rage latente, exaltant ses sens à l'affût, endormant sa vigilance coutumière... Peut-être les évènements se seraient-ils déroulés autrement, peut-être l'elfe aurait-il pu prévoir que le reflet du fleuve le trahirait, peut-être aurait-il dû se rendre compte que son adversaire n'avait rien d'un quelconque sylvestre, qui sait, mais le fait était que le brun, assurément trop confiant, avait laissé son enthousiasme débordant prendre le pas sur sa réflexion et qu'il en payait présentement les conséquences. A trop jouer avec le feu on s'y brûlait et la ferveur que mettait Amrod à sa tâche lui revenait de plein fouet, le clouant sur place, son regard myosotis focalisé sur la main du guerrier qu'il avait surpris. Les réflexes de l'elfe n'avaient rien de communs et, dissimulé derrière les arbustes, il le détaillait avec davantage de soin, la poing fermement refermé autour de son arc. Réitérer sa tentative se solderait immanquablement par un échec cuisant, son vis-à-vis désormais sur ses gardes, et il ne pouvait pas déclencher un combat de front sans en apprendre un peu plus sur celui qui avait déjoué son attaque, déviant son tir meurtrier. Le front légèrement plissé, le garçon avisait des vêtements singuliers de l'elfe et se giflait mentalement pour ne pas en avoir tenu compte avant de faire savoir sa présence, toute tentative d'embuscade fichue en l'air par sa précipitation. On lui avait pourtant enseigné à ne pas agir sous l'emprise de la colère ou toute autre émotion néfaste mais Amrod, esclave de ses sentiments les plus virulents, avait laissé parler son cœur et sa soif de justice, dédaignant avec fougue les avertissements dont on l'avait seriné. C'était une attitude stupide et vaniteuse, digne d'un sylvestre ou bien d'un elfe haut, et la mâchoire serrée, il remarquait enfin l'épaisse fourrure de fauve qui recouvrait le dos de sa proie, sur sa veste épaisse, ainsi que la cape noire qui voletait doucement derrière lui, malmenée par la brise. Quelques gouttes tombaient du ciel, un nuage sombre passant au-dessus de leur tête, mais le feuillage du buisson protégeait Amrod qui demeura replié sous son abri, regardant l'inconnu qui semblait analyser sa flèche ébène. Celle-ci ne ressemblait en rien avec celles que fabriquaient les elfes de la forêt et n'avaient qu'une fonction : tuer, blesser, déchirer les chairs et meurtrir la peau. Une arme destinée à la destruction plutôt qu'à la défense, mais seule l'utilisation des elfes de la nuit permettait cette distinction.

Les paroles de l'homme suite à l'examen de sa flèche eurent le mérite de tendre davantage Amrod qui ne pouvait détacher son regard azur de la silhouette robuste du brun, l'irritation le gagnant peu à peu à l'entente des préjugés infondés qu'il débitait stupidement, probablement certain de ce qu'il avançait. Typique de ces peuples avantagés, inconscients de leurs privilèges et de leur bonne fortune. Alors que des gamins crevaient de froid au Pays de l'Ombre et grandissaient dans la haine de leurs semblables, entourés par une atmosphère vindicative et malsaine, l'air vibrant d'une aura malfaisante, eux se révoltaient du comportement violent de leurs anciens confrères, faussement choqués par leur conduite belliqueuse. L'audace de cet elfe dépassait les limites du raisonnable et Amrod se doutait que la plupart des siens devaient penser comme lui, leur effronterie n'ayant d'égale que leur aveuglement. Et c'était lui que l'on considérait comme un sauvage, un assassin, un criminel... Eh bien soit. Il agirait donc en fonction des rumeurs circulant sur son peuple, et même si la majorité d'entre elles étaient véridiques, il n'en demeurait pas moins que ces elfes n'étaient en rien fautifs, obligés par la force des choses à œuvrer dans l'ombre, tels des serpents nuisibles. On les avait façonnés ainsi, mutilant leurs âmes noircies par les ténèbres, leur assénant d'autres coups plus meurtriers, plus blessants, les acculant contre un mur pour mieux les abattre. Tristes victimes d'une guerre millénaire qui n'avait que trop duré, mais à l'instar des hommes, les elfes avaient la rancune tenace et chacun des peuples s'obstinait à nier ses torts, blâmant l'ennemi, indéfiniment. C'était un cercle vicieux qui ne prendrait jamais fin à moins que l'une des nations n'en ressorte triomphante, évinçant les trois autres. Un bain de sang qui menaçait de détruire l'espace elfique, si l'on n'y prenait pas garde. Bien sûr, rien n'était encore fait mais la lueur brillant dans les yeux clairs de Amrod témoignait de sa profonde aversion à l'égard de cet être soit-disant supérieur et il ne put que bander les muscles de son corps, maintenant son self-control, ou tout du moins essayant.

Son regard se fit plus dur alors qu'il voyait sa flèche brisée en deux venir rejoindre le sol mais soudain, alors qu'il tentait de deviner les pensées de sa proie réticente, un petit détail attira son attention : une broche en forme de tête de dragon. Il ne put se pencher davantage sur cette constatation qu'une lame fendait les airs juste à côté de sa joue, se plantant dans l'arbre à ses côtés, son visage emprunt à un frisson qu'il peina à contenir. Ce n'était pas véritablement l'effet de la peur mais plutôt la réalisation amère qu'il avait failli perdre la vie sans pouvoir y faire quoi que ce soit, et cela, Amrod ne l'acceptait pas. Il refusait de mourir abattu par cet elfe, pas avant d'avoir vu de ses yeux la victoire de son peuple, la gloire des siens et le déclin des hauts elfes et des sylvestres. Un objectif qu'il s'était fixé et qu'il comptait mener à bien. Néanmoins, la détermination laissa place l'espace de quelques secondes à la curiosité : avait-il manqué sa cible par inadvertance ou à dessein ? Le brun semblait bon combattant, entraîné et vif, habile. Il n'aurait pu le manquer, s'il l'avait voulu... non ? Lui ne l'aurait pas fait. D'ailleurs, il regrettait de ne pas s'être positionné de façon à ce que la rivière ne le trahisse pas mais il était trop tard, à présent, et il devait assumer les conséquences de sa hâte. Le sourire satisfait que lui servit l'inconnu raviva son mépris et il eut honte d'avoir éprouvé de l'intérêt pour lui. Il le provoquait en dénigrant ses capacités mais si Amrod était parvenu à devenir un guerrier fantôme, c'était qu'il valait mieux que n'importe quel elfe de la nuit. Sur le plan combattif, du moins. Et maintenant qu'il était découvert, il ne pouvait plus compter sur une fuite éventuelle. Resserrant son emprise sur son arc, le jeune homme se redressa, empoignant de l'autre main le couteau lancé par le guerrier avant de le ranger bien soigneusement dans sa sacoche en cuir. Elle avait été réalisée à partir d'une peau de troll, paraissait-il. Il en avait fait l'acquisition lors de l'une de ses virées, la dérobant à un elfe peu attentif, et depuis il y entreposait ce dont il avait besoin lors de ses petites excursions. Le sac était solide et même s'il était peu élégant, Amrod se fichait éperdument de l'allure qu'il lui donnait, favorisant l'aspect pratique à l'esthétique.

Le brun rejoignit le sentier, affichant sa tenue sombre, bien que relativement imperméable au froid, devant l'inconnu. Il était plus petit que lui mais c'était à prévoir, les elfes de la nuit n'étaient pas connus pour leur grandeur mais plutôt pour leur cruauté, disait-on. Les traits de son visage, tendus à l'extrême, laissaient entrevoir le dégoût qu'il éprouvait pour son adversaire à l'instar de son expression faciale : des sourcils froncés, un nez retroussé par la répulsion et la mâchoire serrée. Sa voix, quant à elle, allait de pair avec sa mine courroucée, comme on pouvait le deviner. Je me fiche de votre opinion me concernant, tout comme je me contrefiche de vos paroles mensongères. Offrez-les à vos amis s'ils sont assez sots pour avaler vos sornettes, mais je ne suis pas dupe. Le fait que vous soyez parvenu à arrêter ma flèche ne signifie pas que vous pouvez me servir vos belles leçons de morale, ni que vous êtes capable de me juger, bien au contraire. Typique de votre peuple, prétentieux, hautain, qui croit tout savoir concernant tout le monde. Vous êtes un haut elfe, j'en suis sûr. Vous êtes bien trop robuste pour un sylvestre... Il ne comprenait pas comment il avait pu se méprendre à ce point sur l'appartenance de cet elfe. Il était si distinct de ces grands blonds agiles et oisifs... Il est certain que vous n'êtes pas de la même trempe que mes adversaires habituels, si tant est que cette appellation leur convienne, mais cela ne change pas grand chose au jeu... dragonnier.

Jeu... Cela n'avait rien d'un jeu, et il le savait pertinemment, peut-être mieux que son vis-à-vis. Il jeta un bref coup d'œil au manche de son épée flamboyante, avisant de sa propre lame, fine et longue, encore dans son fourreau. Elle n'était que de peu de valeur, certes, mais Amrod était avant tout un archer et il n'avait appris à se servir d'une épée qu'en dernier recours, et cette situation bien précise l'exigeait. Il était désavantagé à ce niveau-là mais sa rapidité l'avait déjà sauvé nombre de fois, par le passé, alors pourquoi pas aujourd'hui ? C'était un bien mince espoir mais il allait devoir s'en contenter, et après tout il n'était pas mauvais, quoi que puisse penser le brun. Promptement, Amrod saisit deux flèches dans son carquois qu'il plaça à son arc, celles-ci fusant à vive allure vers le haut elfe, alors qu'il en attrapait déjà une autre, prêt à contrattaquer. Elle ne tarda pas à suivre le même trajet que ses jumelles, sifflant furieusement dans les airs. S'il ne pouvait pas gagner par la force, il pouvait toujours l'épuiser avant de l'achever.
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Aranwë Nàrmoth
Aranwë Nàrmoth

un Elfe unique.




△ MESSAGES : 409

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MessageSujet: Re: noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.   noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. EmptyMar 23 Aoû - 10:01

noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. 862548tumblrln5v5e4DiF1qfv91lo1500
Rien n'est vrai, tout est permis et de ce fait, il me reste encore une chose à te prendre avant de disparaître, comme je suis venu. Quoi donc me répondras-tu et je te donnerai comme réponse, la vie, avant de poser ma main sur ton ventre, que ta gorge t'arrache un léger cri d'agonie avant que tu t'écroules.

Ainsi donc, notre inconnu sortait de sa cachette, de son terrier. Je le regardais, son regard en disait long sur sa façon de penser. Il était de ce ceux qui pensaient qu'en exterminant les autres nations, tout irait mieux, mais ce n'était là, qu'un voile de mensonges. Mes yeux lisaient dans les siens, décryptant le moindre mouvement. Je pouvais voir de la fatigue, mais un rage de vaincre aussi dur que la roche, aussi résistante qu'elle également. Il voulait me voir mort, c'était certain. Ce n'était pas la folie ou l'imprudence qu'il l'avait conduit dans cette région, mais la curiosité et l'envie de voir ce qu'il ne pouvait posséder. Je baissais un bref instant les yeux sur son arc. Son meilleur acolyte, comme moi avec mon dragon. Le combat s'annonçait particulièrement intéressant, mais je devais reconnaître que je n'avais aucune envie de me battre. Pas par peur, mais j'avais participé à trop de batailles par le passé et il semblait si jeune. Je pouvais jurer sur ma vie qu'il n'avait pas participé à la Déchirure, qu'il était le résultat de l'après justement. Resserrant le manche de mon épée dans ma main, je le regardais à nouveau. Bien trop jeune... Et pourtant, si rempli de haine, j'en avais mal pour lui. Il s'arrêta et un silence s'installa entre nous. Le vent soufflait, le bruissement des feuillages alentours prenaient possession des lieux et le ciel grondait. Moi qui désirais me cacher pour éviter l'averse, ça semblait peine perdue. D'ailleurs, une goutte de pluie tomba à nouveau sur mon visage, de mon front, elle serpentait le long de mon nez, froide, comme l'âme de l'Elfe qui était face à moi. Pouvais-je seulement le résonner ? Car je n'avais aucune envie de me battre. Il prit alors la parole et comme son allure, ses mots étaient directes, tranchants et sombres. Il avait réellement nourri une haine envers ceux qu'ils pensaient coupable de sa situation, comme je le craignais et il n'avait pas tout à fait tord. J'avais les mains tâchées de sang, du sang de sa famille peut-être, de ses proches, amis. Je fronçais légèrement les sourcils en l'écoutant.

« Un jeu ? Tout ceci n'est qu'un jeu pour vous ? Prendre la vie d'une personne que tu ne connais pas ? Vos paroles reflètent la haine que vous portez en vous. Mais vous faites erreur, crois-moi. » répondis-je pour l'interloquer, mais visiblement, je perdais mon temps.

Alors que je restais surpris par de tels propos, il banda son arc pour décocher une flèche. Vif, je n'avais rien perdu de mes réflexes de dragonnier. Non, ça, c'était le genre de choses qui restaient graver en nous, comme savoir se tenir debout. Quand on sait, on sait. Je levais mon épée qui pouvait sembler lourde, imposante, mais non. D'un geste, d'un mouvement dont la lame fendit l'air, je déviais la flèche avant qu'elle ne me touche. Aeglos partit au galop dans les bois quand un éclair trancha le ciel. Je savais qu'il reviendrait, aucune crainte. Le même scénario, la parade avec l'épée dura une bonne dizaine de minutes. Il voulait me fatiguer, mais j'étais tenace. Un dragonnier se devait de vaincre ses peurs et de pouvoir tenir la cadence sur son dragon, car ce dernier n'attendrait pas. Il pouvait me fusiller de ses flèches, je ne tomberai pas comme ça ! Cependant, en agissant ainsi, il m'empêchait de l'approcher, je devais trouver un moyen de l'arrêter. Alors qu'il visa à nouveau ma gorge, j'esquivais cette fois, le tir en me baissant, roulant au sol pour ramasser une poignée de terre et de sable. C'était une petite astuce que mon père m'avait enseigné alors que je n'avais pas cinquante ans, bien avant que je ne monte sur Ashkore. A genoux, je lâchais cette poignée, la jetant devant moi pour créer un nuage de poussière. Ca n'allait tenir qu'un instant, juste le temps pour faire ce que je voulais. Je pris trois couteaux de lancer à ma ceinture pour les envoyer, mais à trop penser à ma stratégie, j'en oubliais un instant que l'Elfe de la nuit était aussi malin que vengeur. Une volée de trois flèches traversèrent le nuage. Heureusement qu'avec mes yeux d'elfe, je pus les voir arriver, mais trop tard. Je reculais rapidement pour les esquiver. L'une rencontra ma lame et dévia, l'autre frôla mon épaule et déchira le tissu de ma chemise, faisant une entaille libérant une rivière vermillion, mais la dernière fut la pire. L'Elfe avait bien visé, trois flèches à trois endroits différents pour ne pas tous les éviter. La flèche se logea dans mon flanc gauche, près des côtes. Je grimaçais, me sentant pris dans un frisson qui grimpa le long de ma colonne. Je baissais les yeux pour voir la flèche. Elle ne m'avait pas loupé cette fois. Une goutte de sueur perla sur mon front alors que je saisis l'instrument de ma douleur dans ma main, la cassant avant de la retirer d'un coup sec. Ce geste eut pour effet de m'arracher un cri de douleur alors que la pointe, maculé de mon sang tomba au sol. Je relevais les yeux vers le nuage de fumée qui avait disparu. L'Elfe de la nuit était cloué contre la roche avec mes couteaux de lancers et l'un d'entre eux, tout comme sa flèche, l'avait touché. Oeil pour oeil, dent pour dent ? Je me redressais avec difficulté, encore sonné par la douleur que me procurait ma blessure ouverte. Je remis mon épée dans son fourreau, sortant à la place, une dague beaucoup plus petite et moins encombrante. Alors que j'avançais vers lui, une pluie diluvienne s'abattue sur nous. Des trompes d'eau tombaient, lavant ma blessure d'où le sang s'écoulait toujours abondamment. Mon sang glissait le long de mes vêtements, de ma peau. Je sentais la chaleur s'évaporait lentement, mais sûrement.

« J'ai... J'ai participé à la Déchirure, voyez-vous. J'étais là... Lors de la terrible bataille qui détruisit Eddorash, la cité des merveilles. J'ai tué des gens, des elfes qui pouvaient être vos parents, mes amis, j'ignorais tout ceci. Je devais tuer ou être tué. C'est la loi, la règle de la guerre. Mais à ce moment, j'ai compris, quand je suis descendu de mon dragon, que j'ai marché sur ce tas de cadavres qui étaient constitués d'autant de haut elfes, que d'elfes de la nuit ou autre, que je n'étais qu'un pion sur l'échiquier. Une marionnette dont on pouvait tirer facilement les ficelles. Là, à ce moment précis, vous n'en êtes qu'une de plus. Se battre... S'entretuer n'arrangera rien, au contraire. On finira tous comme les cadavres qui hantent mes nuits. Je ne suis... Pas fier de ce que j'ai fais, je pense plus être... Un bourreau qu'autre chose. Et avoir tué n'a servit à rien d'autre que répandre la douleur, la haine et la jalousie en Ulthuan... » expliquais-je pour le résonner tout en m'approchant avec méfiance, malgré le fait que son carquois était vide.

Une fois près de lui, je vis que le couteau qui l'avait touché à l'épaule. Les cheveux trempés, collant au visage, le souffle court et la douleur paralysant mon corps, j'avais heureusement de quoi cesser tout ça dans mon sac plus loin. Je le fixais, de ma hauteur. Comprenait-il qu'il faisait erreur jusque là ou non ? Je pris mon couteau pour le retirer de son corps avant de le jeter plus loin. Il n'était pas mon ennemi, qu'il comprenne ça. Un éclair au loin, illumina nos visages avant que je ne plante, près de son visage, dans la roche, ma dague.

« Tu n'es pas mon ennemi, elfe de la nuit comme tu penses l'être, tu es juste un elfe, comme moi. » dis-je en souriant un peu, avant de me retourner pour aller chercher mon sac. Pour moi, le combat était terminé.


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Amrod Elróhir
Amrod Elróhir
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MessageSujet: Re: noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë.   noose around a choking heart, eternity torn apart ⱷ aranwë. EmptyMar 23 Aoû - 23:34

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L'étonnement visible dans le regard interloqué de l'elfe interpella Amrod qui, néanmoins, décocha deux de ses flèches sans sommation, profitant de l'inattention momentanée de son adversaire pour lancer une offensive directe. Les combats rapprochés n'avaient jamais été sa tasse de thé mais rien ne forçait le brun à agir dans les règles, surtout lorsque celles-ci étaient étiquetées par ses ennemis naturels. La ruse et la fourberie, bien que considérées comme peu loyales dans un duel, avaient leur place si le jeune homme espérait combler son désavantage concernant l'art de l'épée, et si pour ce faire il devait user de stratagèmes peu recommandables, il espérait que le résultat n'en soit que plus satisfaisant. Cependant, c'était sans compter sur la dextérité du dragonnier qui dégaina sa lame, déviant ingénieusement ses tirs mortels, évitant parfois de justesse une flèche trop audacieuse. Cela ne découragea pas Amrod pour autant qui, malgré son désir ardent de faire ravaler au haut elfe ses inepties, voyait son stock de flèches diminuer dangereusement, le rapprochant un peu plus de l'ultime instant où il devrait mettre son carquois vide de côté pour se focaliser sur son épée présentement inutile. Du coin de l'œil, il vit la monture de l'elfe partir au galop, peu rassurée par la tournure des évènements, et il nota mentalement la direction qu'elle prit afin de pouvoir la rattraper, en cas de victoire. L'échec n'était pas une option envisageable et même si la ténacité du guerrier le mettait à rude épreuve, il ne pouvait se décourager et rendre les armes. Cela aurait été indigne de lui, et même si les elfes de la nuit n'étaient pas connus pour leur courage ou leur témérité, la fierté du brun l'empêchait de simplement tourner les talons pour rejoindre des terres plus hostiles, plus arides, celles qu'il connaissait depuis sa venue au monde et qui auraient sans doute le mérite de désarçonner son adversaire. Qui plus est, il doutait sérieusement que l'autre consente à le laisser fuir sans tenter de l'intercepter et mieux valait l'affronter sur terrain découvert que dissimulé dans l'épais feuillage des arbres, là où le retrouver s'avérerait plus ardu. Bien sûr, la réciproque s'imposait mais jouer à cache-cache pourrait lui coûter la vie si le dragonnier maîtrisait sa vision d'elfe aussi adroitement que son épée. Il esquivait, tournoyait, sa chevelure semblant voleter au rythme de sa danse endiablée, mais il ne parvenait à rejoindre sa cible qui le gardait à distance, peu désireuse de se battre au corps à corps. L'agacement gagnait peu à peu l'esprit de Amrod qui cherchait également une porte de sortie, un moyen sûr de couper l'herbe sous le pied de son ennemi farouche, mais celui-ci le devança et roula au sol, interrompant l'espace d'une seconde l'attaque de l'elfe. Exploitant ce léger répit, il en profita pour saisir ses trois dernières flèches qu'il plaça contre son arc, tendant le fil, plissant les yeux afin de trouver la faille dans la posture du brun. Cependant, contre toute attente, il vit une poignée de terre voler dans sa direction et il ne put que laisser partir ses projectiles qui fendirent les airs à la recherche de la silhouette qu'il ne parvenait plus à distinguer, ses yeux clairs perdus dans le nuage de poussière.

L'avait-il touché ? C'était probable mais il ne pouvait en être certain, aveuglé par ce mur opaque, et avant qu'il n'ait pu songer à s'éloigner du nuage afin de prendre connaissance de la situation, il sentit quelque chose s'enfoncer dans sa chair, le sang giclant contre le rocher auquel il avait été plaqué. Un cri franchit la barrière de ses lèvres et il baissa les yeux vers son épaule, serrant les dents devant la blessure provoquée par, semblait-il, un couteau affuté. Une veine pulsait au centre de son front et de la sueur s'écoulait sur ses tempes bouillantes, mêlée à la pluie qui trempait ses vêtements et sa peau, un frisson parcourant son échine. Amrod déglutit péniblement, sa pomme d'Adam tressautant au rythme de sa respiration entravée par la douleur, et il n'eut conscience de la présence de son vis-à-vis seulement lorsque sa voix troubla le silence pesant qui s'était instauré, troublé par le souffle des deux elfes. Il détacha ses orbes myosotis de sa plaie comme à regret pour plonger dans ceux du dragonnier et il constata avec une certaine satisfaction qu'il n'était pas le seul à avoir subi des dégâts, s'il en croyait le liquide carmin qui entachait son habit, s'écoulant de son flanc blessé. Un bien piètre réconfort pour Amrod qui fusillait du regard le brun, refusant de penser à la dague qu'il tenait en main et qui pouvait, s'il le voulait, trancher la peau tendre de sa gorge. Ce n'était de toute évidence pas son attention puisqu'il partit dans un monologue faisant référence à la Déchirure, cette période sombre pour tous les elfes mais qu'il n'avait pas connue. L'odeur fétide de la culpabilité l'enveloppait et, durant un instant, le jeune homme crut en la sincérité qu'il lisait dans les yeux de son adversaire. Mais ce ne pouvait être vrai... du moins, pas entièrement. Certes, il comprenait le besoin, le devoir de tuer pendant la guerre, mais cela n'expliquait pas l'exil forcé des siens ni même leur obligation de séjourner sur des terres pauvres et délabrées maintenant que la bataille avait été perdue. Leurs rites avaient beau différer, ils restaient tous des elfes mais le privilège de vivre en accord avec leurs croyances ne leur était pas accordé et ils devaient tous payer pour cela, aussi bien enfants qu'adultes. La peine qu'éprouvait le dragonnier le révulsait, c'était là le discours d'un homme qui avait commis des crimes aussi barbares que ceux perpétrés par les elfes de la nuit mais qui se jugeait supérieur, moins primitif, sa valeur surpassant assurément celle de ses ennemis. Balivernes ! Il n'était pas dupe, loin de là, et il ne serait pas berné par de tels propos. L'elfe parvint à sa hauteur et, d'un geste vif, délogea le couteau de son épaule, un filet de sang glissant de sa lèvre inférieure qu'il mordait pour réprimer son gémissement, réussissant à demi. Le goût métallique du liquide vital l'écœurait et il le recracha plus loin, les yeux plissés par la méfiance. Il cligna des paupières alors qu'une dague se plantait à côté de son visage, les paroles du haut elfe probablement servies en guise de paix. Une trêve ? Et puis quoi, encore ? Il souffrait, c'était indéniable, mais pas assez pour accepter ce match nul.

Essayant d'ignorer sa souffrance, le brun tira la dague enfoncée dans la roche et la lança vers le dragonnier, qui pourtant l'évita. Amrod n'était pas stupide et se doutant de ce retournement de situation, il se jeta sur l'homme qui le dépassait pourtant de plusieurs centimètres, et certainement de quelques kilos. Il ne put réprimer une plainte alors qu'il rencontrait le sol avec l'elfe, un flopée de sang s'évadant hors de son épaule, une pierre un peu trop pointue lui égratignant sa cuisse. Sans plus attendre, il leva son poing serré qui s'abattit sur le visage trempé de son adversaire mais son autre bras blessé ne put le maintenir et il bascula sur le côté, s'écrasant lourdement sur son épaule. Son cri se répercuta dans la forêt et quelques oiseaux prirent la fuite, chassés par le vacarme soudain. Je ne suis pas comme toi ! Je n'ai jamais chassé personne des terres que vous, toi et tes si fiers amis, vous êtes accaparées tout en exilant d'autres peuples vers le Pays des Ombres, comme tu te plais à l'appeler. Amrod peinait à se redresser mais sa verve n'en souffrait guère, elle. Il est si simple de me critiquer lorsque ces bois sont ta demeure, ou tout du moins celles de tes alliés les sylvestres... puisque vous êtes unis, contre nous. Vos nations méprisent la mienne simplement parce qu'elle diffère. Tu me crois meurtrier sans vergogne mais n'oublie pas que si je suis ainsi, c'est par votre faute, uniquement ! Ses émotions guidaient ses paroles, encore une fois. Une faiblesse qu'il ne parvenait à corriger et qui reprenait continuellement le dessus. Un instant, le ciel fut zébré d'éclairs, puis vint le grondement du tonnerre. La pluie s'abattait avec violence sur les deux elfes, triste témoin de leur échange, un rictus mêlé par la douleur et la haine barrant le visage de Amrod. S'entretuer n'arrangera peut-être rien, mais ne rien faire non plus ! Ce furent les tiens qui vinrent verser le sang des miens en premier, ce sera donc par le sang que tout se finira. Sa respiration était haletante, son visage blême, sa main droite appuyant fortement sur son épaule gauche.
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