PRÉNOM(S) ◮ Edráyl-Jil Galilya. Mais l'on ne m'appelle bien souvent que par l'un des deux premiers. NOM DE FAMILLE ◮ Aëden. Résidu poussiéreux d'une famille détruire, ce nom qui aurait dû inspirer admiration et respect a été terni depuis bien des millénaires, avant même que je ne vienne au monde. J'en suis l'une des dernières représentantes. AGE PHYSIQUE ◮ vingt-huit ans. AGE RÉEL ◮ qui s’imaginerait que j'ai en réalité vécu déjà 5572 ans ? quoi qu’il en soit, je n’aime pas révéler mon âge et ne sous-entendrai jamais que j'ai vu passer autant de temps. Peut-être parce que me souvenir de certains de ces siècles est douloureux. LIEU DE NAISSANCE ◮ Eataine, chez les Hauts Elfes. LIEU DE RÉSIDENCE ◮ actuellement, Avelorn, mais il m'arrive régulièrement de me déplacer. J'aime voir du nouveau, découvrir de nouvelles terres. MÉTIER ◮ il m'est arrivé d'être messager à cheval, sinon je suis un simple chevalier, soldat si l'on a besoin de moi. SECRET ◮ l'amour que j'ai porté à un mortel. SITUATION ◮ libre comme l’air. AVATAR ◮ Clémence Poesy. GROUPE ◮ elfes sylvestres, après bien des histoires.

QUALITÉS ◮ Je suis quelqu'un... d'aventureux, sans aucun doute. Partir du jour au lendemain vers de lointaines contrées ne me fait pas peur. D'ailleurs, je suis courageuse, brave. Ma vie m'importe peu, je me fiche de la mettre en péril. Je suis loyale. Lorsque je m'engage à quelque chose, vous ne me verrez jamais fuir. Je suis quelqu'un d'ouvert ; je veux dire par là que je n'ai que très peu de préjugés sur les autres (dire aucun serait mentir, car même sans nous en rendre compte, nous en avons tous). Je suis curieuse. Je vous l'accorde, ce peut aussi être un défaut si l'on fait preuve d'imprudence... or, je suis assez calculatrice, essayant de réfléchir à tout et de parer à toutes les éventualités. Enfin, je dirais que je suis méditative et rêveuse, aimant à me perdre dans mes pensées et dans mon environnement. DÉFAUTS ◮ N'étant pas vantarde, je pourrais vous en trouver beaucoup... Pour commencer, je suis solitaire voire sauvage. C'est ce que tous les gens qui croisent ma route me disent, sans exception. Mais ça va avec mon mode de vie, après tout : je suis une vagabonde. Insaisissable. Je tiens à ma liberté et n'autoriserai personne à me la voler. Ensuite, comme tout le monde, je suis paradoxale et peux parfois être manichéenne, comme clamer que rien n'est blanc ni noir... Oui, je suis mystérieuse. Et secrète. J'adore parler par énigmes et ne me révèle jamais. Je sais que se confier amène les autres à s'attacher, et un attachement trop fort ne mène jamais à quelque chose très bon. Pour cela, je peux paraître distante. Je suis également assez perfectionniste, et rancunière. Pour finir, selon les gens qui m'entourent, je peux aussi bien me montrer impulsive que très calme. POURQUOI CE GROUPE ? ◮ C'est une longue histoire... Je suis originaire de chez les Hauts-Elfes, mais la famille que j'avais là-bas est morte. Ma sœur aînée, elle, avait rejoint les Sylvestres. Après la déchirure, je me suis éloignée des terres de l'Ulthuan, et lorsque je suis revenue, elle était la seule qui me connaissait et qui, possiblement, encouragerait les autres à m'accepter. De plus, les terres de sa nation m'attrayaient. Sauvage, j'avais envie de vivre en pleine nature, et sur ces terres, je me sens mieux que nulle part ailleurs.

ANECDOTE 1 ◮ c'est lors d'un séjour en Ellyrion, pays des chevaux, que j'ai rencontré l'étalon qui ne me quitte plus. Je l'ai appelé Eluréd. C'est un cheval au poil auburn, presque noir, immense et à la musculature impressionnante. Je l'ai chevauché par hasard, et c'est comme si... comme si nous ne formions qu'un. Je n'avais jamais senti de contact aussi fort entre ma monture et moi. Lui non plus, apparemment, car il me suivit dans chacun de mes voyages. ANECDOTE 2 ◮ en bonne elfe qui se respecte, j'aime la musique. Lorsque j'en ai l'occasion où à mes heures perdues, j'aime jouer du luth, chanter ces mélodies si belles et si mélancoliques dont nous sommes capables d'envouter les mortels... ANECDOTE 3 ◮ si l'on regarde attentivement, une fine cicatrice est visible à la naissance de mon épaule gauche. L'histoire de celle-ci est assez singulière. Il m'est arrivé d'être une messagère, et un jour que je portais une missive en Eataine, j'ai semblé hostile à l'un des gardes de la cité qui n'a pas hésité à me décoché une habile flèche à l'endroit indiqué. Heureusement pour moi, il ne s'était pas mis en tête de viser plus haut... ANECDOTE 4 ◮ l'un des instants que j'apprécie le plus, ou du moins que je juge d'une pureté ineffable, est celui où j'ai l'opportunité de monter une licorne. Sûr que c'est chose plus aisée que de s'essayer aux griffons de la forêt de Cothique... je n'ai encore jamais réussi à grimper sur l'un d'eux, mais je ne rends pas les armes.

Comment… Comment raconter, comment résumer une vie si longue… Je ne vois pas d’autre solution que de choisir, simplement, les instants les plus importants. Les plus marquants. Ceux qui nous ont changé, fait avancer. Ou fait reculer. Emprunter un autre chemin, un chemin plus droit ou plus tortueux. Oui, ceux qui ont contribué à la construction de notre personne telle que les autres peuvent la voir, et telle que nous-même la ressentons. Non pas celle que l’on voudrait être, ni celle que l’on croit être. Mais celle que l’on est vraiment.

Je suis née en 7986, ce qui implique que j’avais cinq ans lorsque le quatrième acte de la Déchirure prit fin. Bien évidemment, je ne garde que des souvenirs confus et flous de cette courte période de ma vie. Ce qu’il est important de savoir, c’est que les Aëden formaient, il y a bien longtemps, une famille pleine de richesses, respectée et admirée au même titre que beaucoup d’autres. Car, autrefois, les familles honorables n’étaient pas si rares. Hélas, en 4957, après des années déjà de tensions et de désaccords entre ses membres, l’union de mes ancêtres prit fin, à l’image de l'harmonie entre tous les elfes. La famille se scinda en deux, la plupart se retrouvant dans les valeurs des Elfes Sylvestres. Mes parents descendaient de la branche des Aëden restée fidèle aux Hauts-Elfes. Ainsi, je vis le jour dans la cité blanche d’Eataine, précédée de ma sœur qui, elle, avait choisi de se rallier aux Sylvestres, acte ayant engendré le reniement de nos géniteurs. Mon enfance suivit simplement le cours de l’histoire que tout elfe connaît aujourd’hui, soumise à cette destiné sinistre que fut la séparation d’une seule… âme, quelque part. J’étais une petite fille, me raconta t-on, souriante et joyeuse, toujours optimiste malgré les personnalités tortueuses de parents déchirés par l’abandon – la traîtrise, comme ils la considéraient – du reste de leur famille, et plus particulièrement de la désertion de leur aînée. Du peu que je me souviens, il me semble les avoir chéris avec tout mon cœur, même si eux, ne m’offraient pas l’attention qu’une fillette doit recevoir.

Puis, Morathis succéda à Aenarion. Mais son règne signait la fin de la trêve jusqu’ici entretenue avec les Sylvestres, trêve brisée par son assassinat de leur Reine Eternelle. Autant dire que ce bien sinistre souverain ne gouverna pas notre nation très longtemps, puisque les elfes de la forêt lui tendirent à leur tour une embuscade, mettant fin à son immortalité. Entre temps, des conflits continuèrent de creuser le gouffre entre les Hauts-Elfes et les Sylvains. Mes parents s’engagèrent dans la garde rapprochée de Morathis, plus par fierté que par réel attachement à ce dernier… La petite fille aux cheveux d’or avait bien grandi, depuis la Déchirure. J’avais alors trois cents seize ans, et désapprouvai leur témérité. Pourquoi se mettre en péril de cette façon ? Je savais. Qu’ils voulaient simplement prouver qu’ils n’avaient rien perdu de leur valeur, que le nom d’Aëden restait pur, lavé des souillures et de l’affront que leur avaient fait ceux qui avaient rejoint les Sylvestres. Qu’ils voulaient mourir dignement, allant jusqu’au bout de leurs promesses. Est-ce réellement ce qu’ils firent, le jour où des flèches vinrent les vider de leur âme ? J’ai longtemps pleuré leurs corps, profondément marquée par le destin tragique dont ils avaient été victimes. M’en voulant. M’en voulant terriblement de ne pas les avoir empêché de protéger celui que les plus redoutables archers sylvains voulaient voir périr sous leur joug vengeur.

La seule famille qu’il me restât donc était chez l’ « ennemi. » Perdue, blessée, je n’espérais plus que les rejoindre, et les sauver de cette haine qui s’était emparée des cœurs des elfes, autrefois si justes, les poussant à se déchirer mutuellement, eux qui avaient été créés pour vivre dans l’harmonie la plus… la plus immuable. Comment en était-on arrivés là ? Le désespoir me pourchassait inlassablement… parce que j’avais l’intuition – intuition qui ne m’a jamais quittée et en laquelle je crois plus que jamais – que cet âge d’or perdu ne pourrait désormais plus que s’enfoncer dans l’abîme de nos péchés et de nos erreurs, nous les êtres les plus parfaits évoluant sur cette terre. Paradoxal, n’est-ce pas ?… Que faire alors, lorsqu’un tel sentiment s’insinue en nous… Que faire, à part sauver ce qui peut encore l’être ? Sauver tout ce qu’il nous reste ? La seule chose, les seules personnes auxquelles on peut encore s’accrocher, quelles qu’elles soient, pourvues qu’elles soient toujours là. Alors, oui. Lorsque je me suis retrouvée face à ma sœur, à mes cousins, à cette branche des Aëden sylvains, je ne pus que tenter de les protéger, me retourner contre Morathis. Contre les Hauts-Elfes. Contre ma terre natale.

Lorsque prirent fin les conflits entre ces deux nations et que commença l’âge des Elfes de la Nuit, je décidai de prendre la route. En exil, pour avoir trahi mon peuple. À vrai dire, je ne supportais plus la présence des autres autour de moi, de tous ces êtres corrompus qui osaient me juger, chercher en moi la moindre faille, murmurer dans mon dos et refusant de me faire à nouveau confiance… Je ne pus pas leur en vouloir, pas vraiment. Je méritais d’être bannie. Mais je sus que jamais plus je ne ferais alors partie du peuple des Hauts-Elfes.

La plus grande partie de ma vie fut faite de voyages. Je n’existais qu’en nomade, que par le vagabondage, en solitaire. Toujours plus loin. Profondément affectée par les conflits entre les elfes, je décidai de quitter l’Ulthuan, m’aventurant plus loin en terre d’Eden. J’allai loin, ne restant jamais bien longtemps au même endroit, cachant ma nature d’elfe, sachant que celle-ci aurait pu m’attirer bien des ennuis. De la jalousie. Mais pourquoi être jaloux d’un peuple qui se sépare pour faire la guerre ? Pendant un peu plus de huit cents ans, je me tins ainsi éloignée des miens. Mes escapades en ces contrées lointaines furent très enrichissantes. J’y rencontrai un nombre incalculable d’êtres de races différentes, fus confrontée à une multitude de cultures différentes et enrichissantes. En ces années glorieuses et heureuse, je changeai peu à peu. Me lavant de ma rancœur envers les elfes, en apprenant plus sur le monde, sur la vie, que je ne l’avais et ne l’ai depuis fait.

La relation la plus marquante que j’entretins fut avec un humain. Il s’appelait Mireacan. Je l’avais rencontré dans une auberge où je passais quelques mois, et où il s’était arrêté quelques jours également. L’échelle du temps semble si différente entre les elfes et les mortels… C’était un nomade, lui aussi, un vagabond qui semblait aussi libre que moi. Et il avait trente-huit ans. Trente-huit ans, lorsque nos regards se croisèrent. Lorsqu’un amour impossible se scella aussi vite, nous volant notre raison… Je n’avais pas le droit. Je ne pouvais pas m’offrir à un humain, moi, immortelle… Mais, quelques fois, on oublie cette conscience, cette voix qui tente de nous remettre dans le droit chemin. Même si l’on sait que l’on va souffrir, et faire du mal, on se persuade que le bonheur que l’on aura vécu suffira, aussi éphémère soit-il. Ainsi, je donnai mon cœur à cet homme, et lui me remit le sien. Je me souviens encore de la façon qu’il avait de me demander pourquoi mes yeux étaient si tristes… de ce sentiment d’éternelle déchirure à la pensée que je devrai le laisser, ou bien le regarder mourir.

C’est en l’an 12 121 que je revins en Ulthuan. Avec le sentiment que j’avais bel et bien offert mon cœur et l’avait vu mourir, au moment même où la lueur s’est éteinte dans les yeux de Mireacan, auquel j’avais fini par révéler ma vraie nature et à qui j’avais fait la promesse de rester à ses côtés et de l’aimer jusqu’à ce qu’il doive « s’en aller »… Quel que soit le nombre d’années que je vivrai encore, chaque seconde près de lui me restera plus claire que toute autre. J’aime à me dire que si j’existe encore, c’est parce que c’est son cœur qui bat dans ma poitrine. Son cœur qui, en moi, est devenu immortel. Et que pour cette raison, je ne peux plus m’attacher à personne.

Rejoindre les Elfes Sylvestres m’apparut comme une évidence. Je savais que ça n’allait pas être facile, pourtant. Mais je comptais sur ma sœur aînée pour m’aider à m’intégrer. Quelques mois plus tard, après avoir erré dans la forêt de Cothique, ils me trouvèrent. Mes espérances s’accomplirent et, après avoir juré allégeance à la Reine Eternelle, vécu un temps sous la surveillance de sa garde, je fus enfin intégrée dans leurs rangs. Aujourd’hui, je ne suis pas toujours en ville. J’aime encore voyager, comme avant. Me complaire dans l’idée que je suis libre comme l’air, tout en sachant que j’ai maintenant des responsabilités et des obligations. Régulièrement, ma sœur et moi nous retrouvons, bien que nos conceptions de la vie soient très divergentes. Nous sommes les deux dernières Aëden, nom oublié, enterré avec tous les autres qui ont péri par la lame tranchante d’une histoire bien cruelle.